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Le développement controversé des pompes à chaleur

dimanche 1er mars 2009, par Etienne Vekemans (ECLi 89)

Alors que le crédit d’impôt fait refleurir la technique des pompes à chaleur (ou PAC), et ce de manière explosive, revenons sur un succès à double tranchant.

La pompe à chaleur (PAC), en puisant la chaleur dans le milieu extérieur pour chauffer les bâtiments, semble en effet être une bonne solution pour réduire les frais de chauffage. Avec un COP (coefficient de performance) compris entre 2 et 4, elles chauffent les logements en divisant théoriquement le coût du chauffage électrique de l’ordre d’un facteur 3 - beaucoup à ce titre ne considèrent pas les PAC comme des systèmes découlant des énergies renouvelables* [1]. En étant assez simples à installer et bénéficiant d’une technique ayant relativement fait ses preuves, elles paraissent être une solution imbattable. Le crédit d’impôt a fini par convaincre les plus réticents et les envolées des ventes (cf. graphique) sont venues couronner une bonne gestion marketing.
marche français de la PAC
Maintenant, ce succès de prime abord cache de nombreux désagréments. Les industriels de la climatisation ont exigé du gouvernement que leurs PAC air/air bénéficient aussi du crédit d’impôt. Conclusion : de très nombreuses installations air/air ont été installées. Pourtant ce système ne convient pas aux latitudes françaises, et si en plus les études complexes pour réaliser le chauffage par l’air sont bâclées, les désillusions sont au rendez-vous : PAC qui tombe en panne dès les premiers froids, évaporateur qui givre, système bruyant, incapacité à chauffer et courants d’air permanents sont la rançon d’un succès bien illusoire. Entretemps le crédit d’impôt a été retiré aux PAC air/air

Maintenant que reste-t-il des autres pompes à chaleur ? Elles sont un petit peu plus complexes à installer que les air/air, car il s’agit de réaliser correctement le réseau de la source chaude et de la source froide, ce qui reste toujours plus aisé à mettre en œuvre dans le neuf que dans l’existant. Mais outre cette - somme toute - petite contrainte, la PAC garde d’autres difficultés. Son COP par exemple n’est pas constant. Plus la température de la source froide baisse, plus l’efficacité diminue. Pour devenir quelquefois trop faible pour permettre de chauffer l’habitation. Le système bascule alors en mode radiateur électrique ; c’est pourquoi les PAC sont souvent utilisées en "relève de chaudière"  ; elles fonctionnent à mi-saison, profitant de l’effet de levier du COP, et laissent place à une chaudière traditionnelle pour les grands froids, là où les pointes de consommation électrique sont les plus fortes.

Mais le système dissimule encore quelques autres inconvénients : les appels de puissance, liés au démarrage des compresseurs, peuvent représenter jusqu’à 8 fois son intensité nominale. Cela a obligé à renforcer la plupart des réseaux électriques en France. Le Sydev Vendée estime à 800 000 € (soit 25% de son budget travaux) le coût des renforcements du réseau liés directement aux PAC. Des solutions existent (triphasé, démarreurs progressifs), il est urgent que les modèles qui ne les mettent pas en pratique soient soustraits au marché. Pour terminer, les PAC utilisent des fluides frigorigènes, des HFC, qui sont des GES (Gaz à Effet de Serre) avec un potentiel de réchauffement global de 300 à 11700 fois supérieurs au CO2. Les dégazages sont tus par les fabricants, et même si chacun s’efforce sans doute de les réduire, ils ne peuvent être nuls. Ce qui est exactement l’inverse de ce qui est recherché, réduire les GES, réduire les coûts.

Finalement, malgré des atouts, les PAC gardent des inconvénients importants. Peut-être faut-il avant tout réfléchir à la baisse des consommations, avant de penser PAC. Ne dit-on pas d’ailleurs que l’énergie la moins chère est celle qui n’est pas consommée ?

Pour plus d’information :
- www.afpac.org
- www.rte-france.com
- www.quechoisir.org
- www.cler.org
- www.sydev-vendee.fr

Vous pouvez retrouver cet aricle dans leFlash n°10

Notes

[1] *avec un COP de 3, les PAC récupèrent à peine l’énergie potentielle contenue dans le combustible, l’énergie primaire, essentiellement l’oxyde d’uranium en France. A ce titre, elles ne sont pas considérées comme un système découlant des énergies renouvelables.


[1*avec un COP de 3, les PAC récupèrent à peine l’énergie potentielle contenue dans le combustible, l’énergie primaire, essentiellement l’oxyde d’uranium en France. A ce titre, elles ne sont pas considérées comme un système découlant des énergies renouvelables.

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