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Vu et lu pour vous

mardi 21 octobre 2008, par Christiane Drevet (ECN 65)

Cette rubrique reprend des articles de presse ou des livres parus récemment dans le domaine de l’énergie, selon un certain nombre de MOTS-CLES caractéristiques.

CLIMAT – négociations pour l’après-Kyoto :
Mettre à contribution les riches des pays pauvres, par Hervé Kempf (le Monde–sept 08)

L’auteur rapporte une proposition de Paul Baer, chercheur à l’Université Stanford (USA) , membre du groupe Ecoequity.

L’objectif est de réduire de 80% d’ici 2050 les émissions de GES (gaz à effet de serre), pour réduire à 2°C, à cet horizon, le réchauffement moyen du globe. Face aux réticences des pays du Nord à changer seuls leurs comportements, Ecoequity propose un autre paradigme : le droit au développement des personnes, quelques que soient leurs pays d’origine, dont le revenu se situe en-dessous d’un seuil de pauvreté global, situé à 20 dollars par jour, appelé ainsi « seuil de développement ». A ces personnes, ne serait demandé aucune contribution pour financer les mesures de réduction des émissions de GES pour l’après-Kyoto. Ceci permettrait de sortir de l’opposition stérile Nord contre Sud, pour intégrer l’inégalité sociale dans le raisonnement. Dans ce schéma, les USA seraient taxées à 95%, la Chine à 20% et l’Inde à 2%. Brice Lalonde, chargé pour la France des négociations internationales sur le changement climatique, qui doivent s’ouvrir dès 2009, pense qu’une telle proposition pourrait servir de base aux futures discussions pour l’après-Kyoto.

CHINE - éolien :
La Chine, premier producteur en 2009 ? , par Brice Pedroletti (Le Monde-Energie-1er oct 08)

La chine est en train d’émerger comme un acteur de taille de l’éolien, et pourrait être le 1er pays producteur de turbines dès 2009 (jusqu’à 3 MW). Elle est déjà le 5ème pays avec une puissance installée de 6 GW fin 2007, mais elle vient de revoir à la hausse ses prévisions, tablant sur 10 GW en 2010. Des experts, dont Ji Feng Li, secrétaire général du CREIA, association des énergies renouvelables en Chine, pensent que ce chiffre sera doublé, pour atteindre plus de 100 GW en 2020. (Notons que les capacités mondiales éoliennes sont actuellement de 94 GW). La Chine vient d’inscrire, dans sa nouvelle loi sur l ’énergie renouvelable, l’objectif de tirer 15% de l’énergie qu’elle consomme de ressources renouvelables d’ici 2020. Actuellement, 70% de la production d’électricité de la Chine provient du charbon (80 GW supplémentaires pour les centrales thermiques au charbon en 2007) .

CHINE – solaire :
Le paradoxe énergétique chinois (Tecsol-6 août 08)

24% des GES sont actuellement émis par la Chine, ce qui vient de la faire passer devant les USA. Mais, actuellement, la Chine est paradoxalement le leader mondial des énergies renouvelables, avec 152 GW installés et 12 milliards de dollars d’investissements en 2007. La chine, selon le groupe climat (www.theclimategroup.org) serait devenu le n°1 mondial de l’industrie photovoltaïque, avec ses 6 plus grosses sociétés valorisées à plus de 15 milliards de dollars. Selon Steve Howard, président du groupe climat, la stratégie globale de la politique bas carbone de la Chine sera au centre de tous ses investissements, ses innovations et sa croissance pendant plusieurs décennies.

CHINE – énergie
Les 100 mots pour l’énergie-Que sais-je ? puf, sept 08, par JM Chevallier, professeur en sciences économiques à Paris-Dauphine.

Actuellement, un chinois consomme en moyenne 1tep d’équivalent pétrole par an, pour 4 pour un européen et 8 pour un américain. La Chine tire 70% de sa consommation du charbon, et 1,5% du nucléaire.

  • Charbon : les réserves mondiales correspondraient à 166 années de consommation (27% de ces réserves aux USA, pour 17% en Russie et 13% en Chine) la production chinoise se fait dans des conditions difficiles, avec plusieurs milliers de morts par an, et création de pollutions locale et globale. Malgré ses fortes réserves, la Chine doit importer du charbon, mais également des hydrocarbures
  • Hydrocarbures : en dehors des accès maritimes par l’est, là où se trouve la plus grosse demande, et directement vers les ressources terrestres par l’ouest (Russie, Kazakstan, Iran) , les compagnies chinoises cherchent à être présentes partout où il y a du gaz et du pétrole, offrant des conditions avantageuses, qui rendent la vie plus dure aux compagnies internationales.
  • Nucléaire : 20 centrales nucléaires sont en projet d’ici 2030, mais cela ne fera passer la consommation que des 1,5% actuels à 3-4% seulement.
  • Hydraulique : le nouveau barrage des 3 gorges est l’équivalent électrique de 20 centrale nucléaires.
  • Autres renouvelables : aucune mention n’en est faite par l’auteur

CHINE - émissions de CO2 fossile :

Une étude fondée sur les données du BP Statistical Review of Energy montre les émissions de C02 d’origine fossile en 2007, en Mt de C02 émis, pour les 12 pays les plus « pollueurs ». Avec 25% des émissions, la Chine arrive maintenant en tête, suivie des USA (14%) et de la Russie (9%). Un résultat à rapprocher des perspectives éoliennes et solaires de la Chine.

CHINE-géopolitique :
La Chine m’inquiète, ed.Perrin, Asies, mai 08, par JL Domenach, directeur de recherche au CERI.
Analyse de Denis Chicouène (ECN 95), suite à la conférence de JL Domenach à la maison de la Chine à Paris le 28 sept 08.

On peut trouver le titre de l’ouvrage « La Chine m’inquiète » quelque peu décalé par rapport à son contenu, dont l’objet central n’est manifestement pas d’alarmer qui que ce soit.
L’auteur, sinologue visiblement averti, y expose en revanche une vision lucide, sans concession mais également ouverte à l’espoir. Il examine le contexte actuel de la Chine ainsi que les principaux enjeux et défis qui se présentent à elle sur les plans économiques, social, politique, diplomatique, dans le cadre d’une mondialisation désormais incontournable pour elle.
La Chine, nous rappelle Domenach, se trouve depuis 30 ans dans une phase de croissance exceptionnelle, soit 9% en moyenne. Cette croissance entraîne une élévation du niveau de vie moyen de la population, mais avec de très fortes disparités dans la répartition des retombées, entre les régions (au profit des régions côtières principalement) comme entre les diverses couches de la population, une élite « plouto-bureaucratique » amassant des fortunes tandis qu’une frange importante de la population, notamment rurale, conserve des revenus très faibles. Par ailleurs, l’auteur nous explique que la croissance chinoise s’effectue de façon non-maîtrisée, au prix de gaspillages parfois démesurés (en ressources, main-d’œuvre, patrimoine écologique, …) et dans le cadre d’une coordination politique très difficile à assurer entre le Centre et les Régions d’un pays immense à la population peu disciplinée. Enfin, elle repose essentiellement sur l’exportation de produits à faible contenu technologique, et s’appuie d’une part sur une main d’œuvre dont le coût est certes bas mais tend à augmenter sensiblement (doublement des salaires moyens entre 2002 et 2007), d’autre part sur des matières premières essentiellement importées et de plus en plus coûteuses. Elle dépend donc de la santé économique des pays clients (Etats-Unis et Europe, principalement) et d’une compétitivité qui risque fort de diminuer.
L’auteur voit ainsi la Chine actuelle comme un vaste chantier en pleine effervescence, inégalement avancé, et un pays au succès fragile où de nombreuses entreprises et banques sont par ailleurs dans une situation financière en équilibre instable car douteuse.
Pour que le développement du pays évolue vers une modernisation réelle et durable, les dirigeants du pays misent avec lucidité sur deux objectifs : la montée en gamme des produits, et la création d’un marché de consommation intérieur, qui rendra notamment la Chine moins dépendante de la situation économique de ses clients. Or l’atteinte de ces deux objectifs passe par l’acceptation de dépenses très importantes pour moderniser les structures sociales et économiques du pays : enseignement, recherche, système de santé, préservation de l’environnement, ... Elle nécessite également une hausse des salaires. Tout cela revient à ralentir la croissance, but désormais clairement affiché par le pouvoir central.
Cette perspective serait-elle acceptée par la population ? Il s’agit là d’une interrogation capitale pour le pouvoir, dont la légitimité vis-à-vis du peuple est fondée sur la promesse d’une croissance rapide et continue, garantissant l’élévation du niveau de vie, nous explique Domenach qui parle même d’un « contrat » tacite entre le pouvoir et le peuple. Le scénario défavorable, celui d’un refus, se traduirait par d’importants troubles sociaux. Comment réagirait alors le pouvoir ? Sans donner de réponse, bien évidemment, l’auteur souligne que s’il est certain que beaucoup, en Chine et à l’étranger, appelleraient à une réponse démocratique, l’hypothèse la plus probable serait plutôt une sortie de crise autoritaire, dont les suites sont par ailleurs difficiles à prévoir.
La Chine a son destin à construire, dit Domenach. Quoi qu’il en soit, si certains éléments supplémentaires augmentent l’incertitude quant à l’avenir du pays, telle par exemple l’indiscipline relative de l’armée, au sein de laquelle règnerait un certain « malaise », telles également la corruption généralisée et la décadence morale des élites locales du pouvoir, de nombreux indices incitent cependant à l’optimisme et découlent d’une certaine lucidité et d’un pragmatisme du pouvoir actuellement en place : volonté de maîtriser et normaliser l’engagement du pays dans le monde global (notamment depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC) ; amélioration du contrôle des régions par le pouvoir central, avec des effets positifs à espérer sur le contrôle de la politique économique et sur la réduction des mafias locales ; lente évolution vers un Etat moins répressif et plus tolérant aux courants d’idées, même si beaucoup reste à faire.

Retrouvez cet article dans le Flash n°7

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