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Prix du pétrole : « chère rasade »

dimanche 22 juin 2008, par Etienne Pesnelle (ECP 86), Jacques Maratier (ECN 69)

Si nous en croyons les publications récentes de certains économistes, notre rasade quotidienne en pétrole coûtera de plus en plus cher, mais elle finira par atteindre un maximum pour ensuite redescendre à des niveaux guère plus élevés qu’aujourd’hui. Un nouveau Conte des Mille et Une Nuits ?

En compilant sur un papier quadrillé les différentes estimations médiatisées ces derniers temps dans la presse économique, il serait tentant de dessiner la courbe future du prix du pétrole dans les 25 prochaines années : après un passage de relais de la pure spéculation actuelle vers une tension offre-demande réelle liée au passage du pic de production, l’arrivée des carburants synthétiques stabiliseraient puis feraient lentement régresser le prix du baril.

La prudence s’impose toutefois devant de telles mises en perspectives.

L’Histoire, en premier lieu, montre que les grandes variations du prix du pétrole sont dues à des événements géopolitiques dont la prévision dépasse largement le domaine de compétence des économistes. Toujours en regardant dans le rétroviseur, on peut se rappeler que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) elle-même a, par le passé, énoncé un certain nombre de prévisions qui ne se sont jamais réalisées. Dans son WEO 2006, l’Agence voyait encore le baril retomber à $47 au début de la prochaine décennie.

Il faut ensuite s’intéresser aux motivations mêmes de ces acteurs à publier de tels chiffres.

Une banque d’investissement active sur le marché des matières premières a tout intérêt à convaincre les autres acteurs économiques qu’il est possible d’aller encore plus haut. L’AIE, porte-parole des pays consommateurs de l’OCDE, a plutôt tendance à chercher à calmer le jeu.

Enfin, il ne faut pas oublier que les modèles mathématiques qui produisent ces estimations sont souvent assez rudimentaires.

Croissance économique mondiale, parité du dollar, importance de la spéculation, coûts prévisionnels et production et de raffinage ou vitesse de décision et réalisation des investissements sont des facteurs économiques à prendre en compte, liés entre eux et non linéaires. S’y ajoutent des facteurs difficiles à quantifier comme la stabilité politique des pays producteurs, les incidents le long de la chaîne d’approvisionnement ou les embargos et autres sanctions politiques. De plus, les modèles actuels ne savent pas gérer l’incertitude présente sur les données d’entrée, notamment les réserves.

En l’absence de critique méthodologique de ces modèles, la presse économique se rapproche du journalisme sportif.

Retrouvez cet article dans le Flash N°5

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