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Nous avons lu : Quelle transition énergétique pour la France de demain ? (mai 2014)

jeudi 12 février 2015, par André Lannoy ECLi 70

L’énergie nucléaire, les énergies fissiles et renouvelables. Historique, bilan et perspectives.

Éditions Connaissances et Savoirs.

par Henri Procaccia, mai 2014

Ce livre est la toute dernière contribution d’Henri Procaccia, sortie la veille de sa disparition. La première édition fut épuisée en quelques jours ; la seconde édition est dans les meilleures ventes des livres techniques.

La transition énergétique est certes un thème d’actualité, ce qui peut expliquer le succès du livre, mais nous souffrons aussi d’un grand manque de données objectives, et la première qualité de cet ouvrage est l’objectivité.
Le livre est clairement rédigé et, impliquant de multiples enjeux (sécurité, physique, technologie, sûreté de fonctionnement, géopolitique, économie, environnement, climat, sociologie…), il est passionnant.

Ayant pratiqué l’analyse de risque et la prospective dans ce domaine il y a quelques années, je peux affirmer que ce livre contient toutes les données d’entrée, le retour d’expérience technique et économique, nécessaires pour établir un diagnostic, réaliser une analyse des risques, faire une analyse coûts-bénéfices, modéliser la situation énergétique et ses évolutions possibles, établir un pronostic ou réaliser une étude prospective.
Le livre évoque la plupart des risques liés à l’énergie :
 les risques liés à la géopolitique, avec la croissance de la démographie, les besoins de développement des pays du tiers monde, l’aspiration au progrès technique pour ces pays, une demande d’énergie croissante (chapitre 2) ;
 les risques de perte d’indépendance énergétique, liés principalement aux énergies fossiles ou à l’énergie solaire ;
 les risques liés aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), à leur rareté, à leur répartition inégale sur le globe, à leur épuisement inéluctable, à leur implication dans le réchauffement climatique ;
 les risques liés au nucléaire (les accidents technologiques (chapitre 5), le stockage et le traitement des déchets à vie longue (chapitre 6), le risque de l’image négative liée au nucléaire militaire, mais aussi la réduction inconsidérée de la contribution du nucléaire qui ne peut amener qu’un renchérissement du prix de l’énergie, le recours au gaz de schiste et un impact négatif fort sur l’environnement) ;
 les risques d’aléas liés aux énergies renouvelables intermittentes (et subventionnées) que sont l’éolien et le solaire, dont le développement nécessite une forte capacité financière et conduira, à cause de leur intermittence, au développement d’autres moyens de substitution à gaz ou à charbon (comme on le voit déjà en Allemagne), et donc à l’accélération du rejet de gaz carbonique, du réchauffement climatique, de la pollution et des pluies acides ;
 les risques liés au réchauffement climatique qui vont voir probablement s’ajouter des besoins croissants en électricité avec le développement des véhicules électriques et de la climatisation ;
 les risques économiques et financiers : des besoins en investissements très lourds pour les économies d’énergie (ce qui est souhaitable, mais ce qui nécessite de très gros investissements pour l’isolation des bâtiments existants) sans oublier les investissements pour les nouveaux moyens de production, le coût des différentes énergies, leur croissance (chapitre 9) ; la compétitivité des entreprises est donc en jeu.

On peut penser que les responsables ont estimé la vulnérabilité de notre pays et comparé ces ressources énergétiques avec leurs risques, leurs menaces, leurs coûts, leurs avantages, leurs bénéfices. Malheureusement rien ne nous renseigne sur l’utilisation effective des méthodes de l’analyse des risques sur ce thème de l’énergie. On peut par conséquent craindre des choix pris inconsidérément sous la pression des dogmes ou des lobbies. Certes l’analyse est difficile compte tenu des multiples incertitudes. Mais elle est rigoureuse et elle permet d’évaluer les scenarii possibles, d’identifier et de saisir les opportunités (et il y en a : le développement souhaitable des stockages d’énergie (stockages thermiques, stations de pompage…), les réseaux intelligents (smart grids), l’hydrogène, les réacteurs surgénérateurs…), d’aider à prendre des décisions et de les conforter.
La situation énergétique et environnementale de la France actuelle est bonne. Il faut donc espérer une évolution progressive, raisonnée et raisonnable, sans ruptures ni divergences, luttant contre les gaspillages et les égoïsmes, vers un « mix énergétique », incluant toutes les formes d’énergie et prenant en considération l’économie, l’environnement et la sûreté.

Lisez ce livre, clair, simple, rigoureux, complet, qui permet d’éclairer les choix énergétiques. C’est un livre, une base de données, à l’usage de tous, professionnels, chercheurs, étudiants ou grand public.

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