16ème conférence internationale de la Maison Passive / Passivhaus, Hanovre 4-5-6 mai 2012
mercredi 1er août 2012, par
Préambule
Pour la seizième année consécutive, les conférences internationales de la Maison Passive avaient lieu cette année à Hanovre en Allemagne. Hanovre a joué un rôle important pour la reconnaissance de cette nouvelle manière de construire en aidant financièrement la construction d’un des premiers lotissements passifs en 2000 dans le cadre de l’exposition universelle qui y avait lieu cette année-là. Entre temps le concept européen de bâtiment passif a fait beaucoup de chemin. On recense environ 40.000 bâtiments passifs dans le monde entier. 40.000 bâtiments en 20 ans cela paraît très insuffisant pour répondre aux enjeux de la transition énergétique, mais cette méthode « bottom-up »qui consiste à faire confiance aux maîtres d’ouvrage, aux architectes, aux bureaux d’étude ainsi qu’aux constructeurs permet d’ancrer durablement l’efficacité énergétique dans les pratiques des professionnels.
Cette année
Témoin de l’adhésion des professionnels, cette année c’est plus d’un millier de congressistes qui s’étaient donnés rendez-vous pour trois jours à Hanovre pour entendre les quelques 80 interventions triées sur le volet parmi un nombre record de 250 contributions reçues. Il est vrai que l’impressionnante délégation japonaise nous rappelait que le Japon avait décidé de s’engager fortement et rapidement sur la voie de l’efficacité énergétique la plus sérieuse. Les thèmes de cette année avaient été choisis parmi un large choix de sujets issus des difficultés rencontrées sur le terrain : la rénovation, les nouveautés techniques, le passif dans le monde, etc. Les conférences sont associées à une exposition produit qui permet d’apprécier d’année en année les innovations considérables dont les produits passifs bénéficient (portes, fenêtres, ventilations double flux, systèmes compacts, méthodes constructives).
L’introduction
Cette année l’ouverture des conférences était confiée au ministre des transports allemand, monsieur Peter Ramsauer, qui réaffirmait dans son dis-cours inaugural l’importance de l’efficacité énergétique dans le bâtiment, ainsi qu’au professeur et politicien Ernst-Ulrich von Weizsäcker [1] (Wuppertal Institut, président de la commission du Bundestag dédié à l’environnement), accessoirement neveu de l’ancien président allemand Richard von Weiszäcker, et bien connu des adaptes de l’efficacité énergétique pour avoir publié il y a près de vingt ans (1995) avec Amory Lovins le fameux « facteur 4 » dans lequel étaient dessinés les contours d’une société à faible impact environnemental. Depuis, nombre de leurs prévisions se sont révélées pertinentes (pays émergents en tête de la R&D environnementale, maisons passives, véhicules hautement efficaces). Cette année, le propos très écouté de E.-U. von Weizsäcker était de proposer un nouvel élan aux politiques européennes de l’efficacité énergétique. Il revenait sur le succès de la loi allemande EEG (« Erneuerbare Energie Gesetz », loi sur les énergies renouvelables, votée au Bundestag le 29 mars 2000 et qui a servi de modèle de nombreuses lois semblables votées en Europe depuis lors). Son propos consistait à appeler de ses vœux une nouvelle EEG, mais dont le premier « E » ne voudrait plus dire « erneuerbar (renouvelable) » mais « effizienz (efficacité). Une loi européenne sur l’efficacité énergétique (soit en abrégé LEEE) qui –crise de la dette oblige– se ferait plus contraignante qu’incitative, mais devrait permettre de reprendre la voie de la transition énergétique, mise à mal depuis le calamiteux sommet de Copenhague et qui n’a que peu de chance d’avancer beaucoup à Rio en 2012, puisque personne ne veut prendre de décisions contraignan-tes... Mais si les sommets des politiques mondiales vont de déceptions en insuccès, ce n’est pas une raison pour se résigner : en Europe le thème est éminemment fédérateur. (Nous nous permettons de rappeler au passage qu’en France, nous avons désormais 8 millions de « précaires énergétiques » [2]).
Les conférences
Evidemment la première difficulté est de faire un choix parmi tant de conférences de haut niveau. Quatre vingt, cela veut dire qu’à 20 minutes chacune, elles ont lieu au nombre de 4 en parallèle pendant deux jours. D’où la nécessité d’un choix cornélien : que faire lorsque d’un côté on parle de rénovation de bâtiments historiques en divisant par 10 les factures énergétiques et qu’en même temps, il est par ailleurs question de l’intégration des chaînes informatiques de conception et de réalisation, de manière semblable à ce que l’on a vu dans les années 80 dans le domaine de l’automobile ? Le dernier jour est traditionnellement dédié aux visites de bâtiments exemplaires de la région : 30 bâtiments passifs de Hanovre étaient proposés, dont des mairies, des halles de sport, des usines, des piscines et aussi de nombreux bâtiments résidentiels. Le tout en neuf comme en rénovation.
En conclusion provisoire
Sans pouvoir procéder à un inventaire exhaustif des thèmes abordés et des questions résolues, il est clair que l’efficacité énergétique dans le bâtiment est en marche : les outils s’affûtent, les procédés s’améliorent, les techniques sont maîtrisées, les coûts baissent. En Europe mais pas qu’en Europe : les premiers bâtiments passifs américains ou japonais apportent les mêmes signes de succès que leurs homologues européens : division par 10 des consommations par rapport à l’existant, confort amélioré, prix de plus en plus compétitifs. Et tout cela est une bonne nouvelle, parce qu’il y a 290 millions de logements qui attendent d’être rénovés en Europe et des surfaces tertiaires colossales. Pour une économie d’énergie de 40% de l’énergie consommée en Europe : le possible est de plus en plus atteignable, mais il est au bout du chemin...
Pour en savoir plus :
Les 17èmes conférences internationales auront lieu les 19, 20 et 21 avril 2013 à Francfort sur le Main : www.passivehouseconference.org . Les conférences françaises auront lieu les 4, 5 et 6 décembre 2012 : www.passibat.fr
Retrouvez également cet article dans le Flash n°30.
[2] personnes dépensant plus de 10% de leurs ressources pour payer leur énergie de chauffage. Statistiques présentée par la fondation Abbé Pierre à l’occasion de la compagne présidentielle 2012.