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Environnement - Grenelle 1 et 2

mardi 1er juin 2010, par Alain Argenson (ECN 62), Patrice Cottet (ECP 74)

La loi Grenelle 1 votée le 21 octobre 2008 fixe les objectifs et la loi Grenelle 2 adoptée en première lecture par l’assemblée nationale le 11 mai 2010 définit les mesures pour atteindre les objectifs. En parallèle, la RT2012 (réglementation thermique) est en cours de finalisation.
Quelles en sont les conséquences pour l’habitat et les métiers du bâtiments, sachant que les 2 Grenelle ont lancé des programmes à grande échelle :
 pour le neuf, à travers des objectifs de performance et une nouvelle réglementation thermique,
 pour l’ancien, avec des programmes de rénovation thermique, assortis d’aides financières à la rénovation.

Bâtiments neufs :

Le taux de construction neuve n’étant que d’environ 1% par an du parc total, c’est un programme qui n’aura des effets qu’à moyen terme.
Pour parvenir à l’objectif de 50kWh/m²/an en énergie primaire, toute la profession devra avancer de front pour relever cet énorme challenge.

Les Bureaux d’Études seront rapidement opérationnels : leur temps de réaction est court, leur latitude de formation grande et leur personnel très réactif.

Les entreprises du bâtiment, principalement les grandes, dont les bureaux d’études (BE) et les services de R&D ont déjà travaillé sur des bâtiments performants (pour certains en cours de réalisation) , ont commencé leur révolution.

Les architectes devront probablement s’associer plus étroitement avec les BE et faire un effort important de formation. Certaines formes architecturales devront être totalement repensées pour offrir une déperdition thermique minimale (exemple : les balcons en encorbellement) et capter au maximum la chaleur solaire.

L’urbanisme devra également prendre en compte ces nouvelles exigences, pour offrir l’ensoleillement optimum selon les latitudes.

Les petites entreprises générales seront probablement distancées.

Les artisans seront la pierre d’achoppement du dispositif. Les nouveaux matériaux et équipements nécessiteront une mise en œuvre rigoureuse à laquelle la plupart d’entre eux ne sont pas habitués. Des formations importantes, qui se mettent déjà en place, seront nécessaires pour leur mise à niveau.

Le maître d’œuvre devra être plus présent sur le chantier pour guider, rectifier, conseiller et approuver la réalisation, qui nécessitera d’être certifiée par une attestation de performance énergétique.

Ces bâtiments, plus performants sur le plan énergétique mais également sur le plan environnemental, seront évidemment plus chers à l’investissement, mais devraient l’être moins en exploitation.

Pour obtenir les résultats escomptés, la mise en place de procédures de construction précises et de contrôles qualité rigoureux seront nécessaires.

Le défi à relever par le Maître d’Ouvrage sera celui du financement, qui pourra le conduire à arbitrer entre les coûts d’investissement et ceux d’exploitation.

Bâtiments existants :

Le problème sera encore plus épineux que pour le neuf, car de nombreuses contraintes pourront exister. Par exemple, des limites de propriété se poseront. Il n’y aura pas de problème d’une façon générale pour l’habitat collectif géré par des bailleurs sociaux, mais il n’en ira pas de même pour l’habitat en copropriété et la maison individuelle.

Le passage par des maîtres d’œuvre deviendra lune nécessité absolue et cela aura donc un coût. Une étude thermique fine avec des préconisations précises et un suivi rigoureux de la mise ne œuvre sera impérative sous peine de trop dépenser pour un résultat médiocre. Les artisans compétents ne sont pas assez nombreux pour réaliser tous les chantiers en perspective ; Un effort important devra être entrepris pour la formation et la valorisation de ces nouvelles professions du bâtiment.

Le grand problème qui n’est pas résolu est celui du financement de ces rénovations. Dans les cas de bâtiments « passoires », les économies d’énergie pourront payer assez facilement l’investissement à réaliser, mais pour beaucoup, le retour sur investissement se comptera en dizaines d’années. Des instruments spécifiques doivent être dès maintenant mis en place.

Pour l’habitat ancien, le Grenelle ne s’est pas attaqué à des questions dérangeantes ; par exemple :
 le droit privé n’a pas été modifié pour obliger un voisin récalcitrant à laisser mettre en place une isolation thermique qui empièterait de quelques centimètres sur son emprise, ni de convenir d’un prix d’achat des quelques décimètres carrés nécessaires,
 le droit au soleil indispensable pour une maison bioclimatique ou l’utilisation de solaire thermique ou photovoltaïque n’a pas été inscrit dans le code de l’urbanisme.

Vous pouvez retrouver cet article dans le Flash n°18 de juin 2010

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