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Le Grenelle de l’Environnement : efficacité du Prêt à Taux Zéro

dimanche 21 septembre 2008, par Patrice Cottet (ECP 74)

Quelle sera l’efficacité du Prêt à Taux Zéro ? C’est la question que le gouvernement devra se poser lorsqu’il fixera les modalités précises de ce nouveau dispositif.

Il devra pour cela éviter les dérives de l’actuel dispositif du crédit d’impôt. En effet, ce dernier, instauré en 2005, est sensé favoriser la mise en place de systèmes permettant de réduire la facture énergétique et l’émission de gaz à effet de serre. Et de nombreux dispositifs sont visés par la loi : citons, sans être exhaustif : l’isolation des murs, l’isolation des combles, les chaudières performantes, les pompes à chaleur, le changement de fenêtres, les dispositifs de régulation ou de programmation, les systèmes à biomasse (bois)…
La loi précise que seule la fourniture fait l’objet de ce crédit d’impôt ; elle précise aussi que la pose doit être faite par un professionnel.

Que s’est-il passé ? Selon les modalités d’application, le particulier a intérêt à mettre en place le système pour lequel le prix de la fourniture est maximal pour un coût de main d’œuvre minimal, puisque cette dernière n’est pas financée. A ce jeu, c’est le remplacement des fenêtres qui sort gagnant. On a vu fleurir nombre d’enseignes, proposant la pose de fenêtre en un temps record, voire main d’œuvre gratuite, offrant au fournisseur une marge maximale ; ladite marge permettant de financer des campagnes publicitaires et de racolage efficace.

Qui a déjà reçu un appel téléphonique de son maçon, offrant d’isoler les parois ? Qui a déjà reçu un appel téléphonique d’une société de pose de fenêtre ?

Dans les faits, le crédit d’impôt alloué depuis plusieurs années passe majoritairement dans les fenêtres.

Le nouveau dispositif se doit de corriger le tir ; en accordant le prêt pour financer la totalité de la facture, main-d’œuvre comprise, le ministère ouvre la voie aux rénovations plus lourdes et plus efficaces, comme la pose de pompes à chaleur, et l’isolation par l’extérieur. De plus le mécanisme de remboursement par les économies réalisées sera plus effectif que le changement des fenêtres, dont le retour sur investissement est de 20 à 50 ans. Pour l’isolation des combles, ce retour est de l’ordre de 3 à 5 ans – j’ai même observé un retour sur investissement de 2 ans !

Pour l’isolation des parois, cela sera de l’ordre de 5 à 10 ans, ou moins si on ne prend en compte que le supplément de travaux par rapport à un ravalement de toute façon programmé.

En ce qui concerne les économies de CO2, l’ADEME a publié récemment des chiffres qui confortent les faits. Elle calcule le "rendement environnemental du crédit d’impôt" soit : montant unitaire moyen du crédit d’impôt par type d’équipement divisé par le volume d’émissions de CO2 évitées grâce à l’équipement.

Les parois vitrées arrivent en dernier, avec 137 €/t CO2, les énergies renouvelables de l’ordre de 40 à 100 €/t CO2, le changement ou l’amélioration des chaudières à moins de 35 €/t CO2, et l’isolation des parois opaques offre la meilleure performance, avec 2 €/t CO2.

On voit clairement vers quoi devra orienter le nouveau dispositif. Le défi principal qui restera à relever, c’est le manque de main d’œuvre chronique dans le BTP, notamment plâtrier maçons pour la pose d’isolant, et l’insuffisance de qualification pour les systèmes les plus performants comme la pompe à chaleur, le solaire, la VMC double flux…

Retrouvez cet article dans le Flash N°6

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