Les biocarburants ou agrocarburants

Les agrocarburants sont destinés à réduire notre dépendance au pétrole en produisant moins de gaz à effet de serre (GES). Les matières végétales dédiées aux filières biocarburants actuellement commercialisées, dites de 1re génération, regroupent l’ensemble des produits dont il est possible d’extraire de l’huile végétale pour la production de biodiesel, ainsi que les produits dont il est possible de fermenter les sucres pour la production d’éthanol.

Les matières végétales utilisées pour des filières dites de 2ème génération, qui sont en cours de développement, correspondent à l’ensemble des produits composés de cellulose, hémicellulose et lignine, transformables en substitut au gazole et au kérosène (filière Biomass-to- Liquid), ou à l’essence (éthanol).

L’éthanol est utilisé généralement mélangé directement à l’essence (5 à 10%), ou sous forme d’éther (ETBE), pur ou à très forte concentration (E85), après modification du moteur. L’EMVH peut être utilisé pur (après modification du moteur) ou en mélange jusqu’à 30%.
La France a consommé, en 2005, 72.2 Mtep de pétrole (99% est importé) dont 48.9 Mtep pour le transport, qui est responsable de plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre.

L’objectif de l’Europe est d’incorporer 5.75% d’agrocarburants d’ici 2010. La France s’est fixé un objectif plus ambitieux de 5.75% en 2008 (2.8Mtep) et 7% en 2010 (3.4Mtep). La production 2005 a été de 0.34Mtep de biodiesel et 0.06Mtep d’éthanol. Pour satisfaire l’objectif 2010, il faudrait consacrer de l’ordre de 2.5 Mha (18.4 Mha de terres arables). Les jachères cultivables représentant 1 Mha ; il sera donc nécessaire d’utiliser des terres à culture alimentaire et par conséquent diminuer les exportations, notamment de blé et de sucre, alors qu’une crise alimentaire se profile. Le potentiel de biomasse mobilisable, hors produits agricoles, étant important en France, il est donc nécessaire de développer les filières de 2éme génération pour atteindre l’objectif.

Les coûts de production des agrocarburants sont difficiles à cerner compte tenu de la production simultanée de co-produits. Pour la canne à sucre, un baril de pétrole au-dessus de 30$ rend la fabrication d’éthanol compétitive au Brésil. Par contre, en Europe, l’étude ADEME indique un prix du baril à 65$ pour rendre compétitif le biodiesel et 100$ pour le bioéthanol de blé.

La volonté de développement des agrocarburants en Europe a conduit l’Union Européenne à autoriser la défiscalisation, les cultures non alimentaires sur les jachères, avec un soutien de 45€ par ha.

Est-ce bien raisonnable sur les plans économique et environnemental ? Avec l’augmentation du prix du pétrole les soutiens à cette filière doivent être revus.

Quel est le bilan environnemental des agrocarburants ? une réduction certaine des émissions de GES, mais par contre une augmentation de la pollution des sols et de l’eau. Dans le contexte actuel qui veut que les agrocarburants soient le plus souvent utilisés en mélange à des teneurs relativement faibles, le bénéfice global, en termes d’effet de serre, peut apparaître faible : gain en termes d’émissions inférieur à 5 % pour des taux d’incorporation des biocarburants dans les carburants traditionnels de 5 à 10 %.

La Banque Mondiale puis l’OCDE s’inquiètent de la vogue des agrocarburants, qui vont pousser les prix alimentaires vers le haut. Ils proposent notamment de supprimer les subventions et d’instituer des politiques plus neutres basées sur la création de taxes sur les émissions de carbone.