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Le Sud-Est asiatique, un paysage énergétique contrasté

mercredi 1er avril 2015, par Benoit Lacroix (ECLi 06)

A l’image des différents pays qui le composent, le paysage énergétique dans le Sud-Est asiatique est plein de contrastes. D’un accès universel à l’électricité à Singapour ou au Brunei à moins de 34% des foyers connectés au Cambodge, les disparités régionales sont radicales. Petit voyage au cœur de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (figure 1).


Figure 1 : Les pays de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN)

Production

La production d’électricité en Asie du Sud-Est reste fortement dépendante des énergies fossiles. Ainsi, le gaz naturel (44%) et le charbon (31%) dominent le paysage énergétique de la région. De même, le pétrole reste encore très présent dans certains pays, comme le Cambodge où il représente plus de 70% de la production électrique. L’hydroélectricité (10%) et la géothermie (3%) constituent les deux autres sources principales d’énergie.

Au-delà de cette perspective régionale, les stratégies nationales diffèrent significativement suivant les ressources disponibles et les opportunités locales. Par exemple, le Laos souhaite devenir un grand exportateur d’énergie et a accéléré ces dernières années le développement de sa capacité hydroélectrique, avec la construction de plusieurs barrages sur le Mékong. De son côté, le Vietnam s’est engagé dans la voie du nucléaire, signant en 2013 un accord de coopération avec la Russie pour la construction de la première centrale du pays. La Thaïlande, quant à elle, est moins riche en ressources naturelles et a fait le choix de la diversification pour limiter sa dépendance énergétique. En 2006, le gouvernement thaï a ainsi mis en place un tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque pour encourager le développement de la filière. Résultat : en 2013, plus de 700 mégawatts ont été installés.

Demande

Côté demande, tous les pays de la région connaissent une croissance soutenue depuis les années 1990 et la consommation a été multipliée par cinq entre 1990 et 2011. Au total, la demande est aujourd’hui équivalente aux trois quart de celle de l’Inde. Cette tendance n’est d’ailleurs pas prête de se ralentir : en moyenne, la demande per capita de ses 600 millions d’habitants n’a pas encore dépassé la moitié de la moyenne mondiale !

Au niveau local, les disparités sont cependant nombreuses. En particulier, la demande varie fortement selon le niveau de développement (figure 2). Ainsi, Singapour, qui est le pays le plus développé de la région, a une consommation d’électricité supérieure à celle du Japon. Au contraire, au Cambodge la demande est faible, de l’ordre de 150 kWh par an par habitant en moyenne. En France, cela représenterait une facture de 1,8 euros par mois !


Figure 2 : Consommation d’électricité et PIB par habitant en ASEAN, 2011 (source : IEA)

Électrification

Cette différence s’explique en partie par des taux d’électrification qui peuvent varier du simple au triple. On passe ainsi d’un accès universel à Singapour et au Brunei, ou quasi-universel en Thaïlande, et en Malaisie, à plus de 66% des foyers non-connectés au Cambodge et 51% au Myanmar. En Indonésie, la question n’est pas non plus entièrement réglée : 27% de la population n’a toujours pas accès au réseau, ce qui représente 73 millions de personnes.

Et, pourtant, de grand progrès ont été réalisés au cours des dix dernières années. 60 millions de personnes ont été reliées au réseau électrique et, aujourd’hui, 88% des habitants d’Asie du Sud-Est sont connectés. Néanmoins, le plus difficile reste à faire : les foyers non électrifiés sont généralement situés dans des régions isolées, peu denses et difficilement accessibles.

Les enjeux énergétiques vont continuer à prendre une importance de plus en plus cruciale en Asie du Sud-Est dans les prochaines années. Avec la croissance économique, la dépendance aux ressources importées va s’accentuer, posant de manière encore plus prégnante la question de la sécurité énergétique. En outre, dans de nombreux pays, le développement énergétique continue de se heurter à des barrières majeures, comme la subvention des prix, le manque d’infrastructures de qualité et les turbulences politiques. Enfin, l’exploitation du potentiel d’efficacité énergétique pourrait apporter jusqu’à 2 points de croissance supplémentaire à la région en 2035 !

Sources : Southeast Asia Energy Outlook, IEA, 2013

Retrouvez également cet article dans le Flash n°44.

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