Bilan électrique français 2015 - Synthèse
mercredi 1er juin 2016, par
Cet article présente les points marquants du bilan électrique français 2015 diffusé par Réseau de Transport d’Electricité (RTE) début février 2016.
Chaque année, RTE publie ce bilan qui rapporte les évolutions sur un an de la production et de la consommation d’électricité. C’est ainsi un bilan ‘comptable’ annuel à la fois sur la puissance électrique installée (MW) et sur l’énergie (TWh) produite et consommée. Les bilans en énergie de production et de consommation d’électricité se bouclent avec les échanges transfrontaliers.
1) Bilan de la production d’électricité en France
Puissance électrique installée au 31/12/2015 en France métropolitaine et variation par rapport au 31/12/2014
Puissance électrique installée et raccordée au 31/12/2015 (MW) | Variation en MW par rapport au 31/12/2014 | |
Nucléaire | 63130 | 0 |
Thermique à combustible fossile | 22553 | -1414 |
Hydraulique | 25421 | -1 |
Eolien | 10312 | 999 |
Solaire | 6191 | 895 |
Bioénergies | 1703 | 105 |
Total | 129310 | 584 |
Les six dernières centrales charbon de 250 MW ont fermé (Bouchain, Vitry et La Maxe) soit 1500 MW de retrait en 2015.
L’accroissement du parc renouvelable est surtout porté par l’éolien et le solaire.
Le parc de Constantin de 230 MW à Cestas en Gironde raccordé en 2015 devient le plus grand parc photovoltaïque d’Europe.
La composition du parc bioénergies de 1703 MW est constituée : 51,2% déchets ménagers, 23,5% bois-énergie et autres biocombustibles solides, 21,3% biogaz et 4,1% déchets de papeterie.
La file d’attente de raccordement des installations de production d’électricité renouvelable en France continentale est de 13747 MW au 31 décembre 2015 et est composée de 7490 MW d’éolien terrestre, 3258 MW d’éolien offshore, 1934 MW photovoltaïque, 557 MW de bioénergies et 508 MW d’hydraulique.
Les objectifs futurs de production par filière seront fixés au niveau national par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) introduite par la loi relative à la transition énergétique sur la croissance verte de 2015. Cette PPE est toujours en cours d’élaboration par le Gouvernement.
Au niveau régional les orientations seront fixées d’ici 2019 via les Schémas Régionaux d’Aménagement, de Développement durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) créés par la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République du 7 août 2015 (loi NOTRe).
Energie électrique produite en 2015 en France
Production nette TWh en 2015 | Variation 2015/2014 en % | |
Nucléaire | 416,8 | 0,2 |
Thermique à combustible fossile | 34,1 | 31,9 |
Hydraulique | 58,7 | -13,7 |
Eolien | 21,1 | 23,3 |
Solaire | 7,4 | 25,1 |
Bioénergies | 7,9 | 4,9 |
Total | 546 | 1,1 |
La partie renouvelable de l’hydraulique représente 53,9 TWh. La partie renouvelable des bioénergies (déchets ménagers, déchets de papeterie, biogaz, bois-énergie et autres biocombustibles solides) progresse de 8,1% à 5,9TWh. La production totale renouvelable s’élève ainsi à 88,4 TWh, soit 16,2%.
2) Bilan de la consommation d’électricité en France
La consommation brute [1] en France métropolitaine s’établit à 475,4 TWh, en hausse de 10,3 TWh par rapport à 2014 (+2,2%). Cette évolution est liée à des températures relevées en moyenne plus fraîches en début d’année et plus chaudes en été.
Mais le niveau globalement reste dans la moyenne des dix dernières années.
La consommation corrigée de l’aléa climatique, du 29 février et du soutirage du secteur de l’énergie atteint 476,3 TWh (+0,5%). Donc ce type de consommation connaît une légère reprise. Ce paramètre exprime le mieux l’évolution intrinsèque de la consommation. Il croissait pendant la décennie précédente mais depuis 2011, il est constaté sa stabilisation (tertiarisation de l’économie, efficacité énergétique, réglementation thermique 2012,..).
Le maximum de consommation a été enregistré le 6 février 2015 à 19h avec une puissance de 91160 MW associée à une température de 0,75°C (pointe comparable à celles de 2011 et 2013).
Le minimum de consommation a été observé le 16 août 2015 à 7h pour 29558 MW.
Consommation nette France (hors Corse) sur les réseaux en TWh | % Consommation nette totale | |
Grande industrie | 71,8 | 16,4 |
Entreprises (puissance souscrite> 250 kVA) | 115,7 | 26,42 |
PME/PMI (36 kVA <puissance souscrite< 250 kVA) | 52,3 | 11,94 |
Professionnels (puissance souscrite <36 kVA) | 44,4 | 10,14 |
Résidentiels (puissance souscrite < 36kVA) | 153,7 | 35,1 |
Total | 437,9 |
La consommation électrique reste fortement impactée par sa sensibilité à la température : estimée en moyenne à 2400 MW par °C en hiver.
Depuis la réglementation thermique 2012, la part du chauffage électrique dans le neuf diminue. En 2014, elle représente environ 29% (effet joule, pompes à chaleur) et est en décroissance depuis le niveau d’environ 70% dans les années 2006-2008.
Il en est de même pour la part de marché de l’électricité pour la production d’eau chaude sanitaire dans les logements neufs : cette part est de 40% en 2014 en décroissance depuis 2008 (niveau 75%).
3) Bilan des échanges transfrontaliers de 2015
Le cumul des échanges d’exports (91,3 TWh) et d’imports (29,6 TWh) grâce à 48 interconnexions le long des frontières de la France représente 120,9 TWh (+1% par rapport à 2014). Le solde net est de 61,7 TWh.
Le renforcement de l’interconnexion France-Espagne et la nouvelle méthode d’optimisation des capacités d’échanges transfrontaliers (« flow-based ») lancée le 21 mai 2015 contribuent à ce résultat.
Les exportations ont été favorisées par un prix bas de l’électricité sur le marché spot [2] (38,5€/MWh en moyenne annuelle).
Le volume total des transactions (achat/vente) sur le marché EPEX Spot France atteint 106,9 TWh, soit plus de 20% de la consommation brute en France.
La zone de couplage des marchés par les prix a été étendue à l’Italie et à la Slovénie depuis le 25 février 2015, portant à 19 pays [3] la zone d’échange unique.
4) Dispositifs de flexibilité de la consommation
Les appels d’offre sur le mécanisme d’ajustement ont permis à RTE de disposer en 2015 de 1900 MW de puissance d’effacement mobilisable (contre 1200 MW en 2014).
En conclusion, le bilan électrique 2015 de RTE met en avant :
la poursuite de la croissance du parc d’électricité renouvelable (surtout éolien et photovoltaïque)
une légère reprise de la consommation d’électricité, atténuée par les actions d’efficacité énergétique.
Sources :
1) Bilan électrique français 2015 de RTE
2) Panorama de l’électricité renouvelable en 2015 publié conjointement par RTE, SER (Syndicat des Energies Renouvelables), ERDF et ADEeF (Association des Distributeurs d’Electricité en France)
Retrouvez également cet article dans le Flash n°50.
[1] La consommation brute comptabilise les pertes des réseaux de transport et de distribution. La consommation nette est la consommation des clients finaux à partir de leur point de sou-tirage.
[2] Sur le marché spot sont échangés de l’électricité pour livraison la même journée (« intraday ») ou le lendemain (« day-ahead »).
[3] Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grande Bretagne, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Slovénie, Suède.