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RT2012 : les points clés pour mieux comprendre

mardi 1er mars 2011, par Patrice Cottet (ECP 74)

La réglementation thermique dite RT2012 entrera en vigueur pour tous les bâtiments dont le permis de construire sera déposé après le 28 octobre 2011, avec un degré de tolérance au 1er janvier 2015 pour les bâtiments collectifs d’habitation. Centrale Energies vous donne ici les points clés, de manière à ce que les non spécialistes en retiennent l’essentiel, et perçoivent l’évolution par rapport à la réglementation précédente, toujours en vigueur, la RT2005.

L’un des trois facteurs qui devront être respectés concerne la Consommation en Energie Primaire, dite CEP. Elle s’exprime en kWhep/m²/an, kilowattheures d’énergie primaire consommée dans l’année, et divisée par la surface SHON (Surface Hors Œuvre Nette).

Cette CEP sera calculée sur les consommations de chauffage, ventilation, climatisation, eau chaude sanitaire, éclairage, et tous les dispositifs auxiliaires nécessaires à leur fonctionnement. On pourra retrancher l’électricité produite et consommée sur place.

La CEP devra être inférieure à une valeur donnée, dite CEP max, qui dépendra : de la zone géographique ; de l’altitude ; de la position du bâtiment par rapport aux sources de bruit, telles aéroport, routes, voies ferrées, et, partant, de la nécessité de climatiser quand l’ouverture des fenêtres est impossible à cause du bruit.

Nouveauté par rapport à la RT2005 : elle disposera d’une bonification si les équipements de chauffage utilisés sont économes en CO2.

Pour illustrer, la CEP d’un pavillon en région angevine ne doit pas dépasser 50 kWhep/m²/an, le même bâtiment en région parisienne, 60, et en région toulonnaise : 40.

La dépendance à l’architecture du bâtiment disparaît (les ésotériques CEPmax, CEPRef). Ce dernier point mérite une explication : dans la réglementation en cours, on calcule une CEP max pour l’architecture du bâtiment considéré, valeur que ne doit pas dépasser le bâtiment ; en conséquence un bâtiment mal conçu du point de vue bioclimatique bénéficie d’un bonus, d’un droit à surconsommer, du fait d’une architecture « originale ». Cet artifice disparaît avec la nouvelle règlementation thermique, simplifiant ainsi la compréhension de la CEP permise. On va maintenant calculer la CEP en absolu, et non par rapport à une CEP max individualisée en fonction du projet.

Le second facteur est le « besoin bioclimatique », BBio, qui caractérise l’efficacité minimale du bâti et, donc, est indépendante des systèmes d’énergie choisis.

Ce critère, plus contraignant que l’ancien « Ubat » de la RT2005, permet de supprimer toutes les références aux « garde-fous » précédents (c’est-à-dire des valeurs minimales d’isolation), car, leur non-respect entrainerait quasi systématiquement un BBio supérieur aux valeurs maxima. Pour avoir un bon BBio, il faudra jouer sur tous les facteurs ; l’isolation devra être performante, des fenêtres double ou triple vitrage, des apports solaires etc.… BBio sera calculé par logiciel, dont la mise au point est en cours.

Le troisième facteur est la Température Intérieure de Confort d’été, dite Tic, avec un bâti optimisé pour éviter au maximum l’usage de la climatisation. Cette température, fortement dépendante de l’inertie du bâtiment, serait calculée à partir du nouveau moteur Th-BCE2012, en cours de finalisation, basé sur un pas de calcul horaire.

A ces trois facteurs s’ajoutent d’autres exigences, par exemple :

  • Obligation pour les maisons individuelles de mobiliser des énergies renouvelables (exemple : panneaux solaires thermiques > 2 m² pour l’eau chaude, etc.)
  • Enveloppe peu perméable à l’air, testée par une porte soufflante – mesure du débit d’air insufflé sous une différence de pression intérieur/extérieur de 4 Pascals
  • Obligation d’isoler les parois donnant sur des mitoyens à occupation discontinue (commerces, bureaux...)
  • Minimisation ou suppression des ponts thermiques, avec, par exemple, des balcons autoportants
  • Surface des baies vitrées, pour raison d’accès à la lumière, supérieure à 1/6ème de la surface habitable, protections solaires mobiles pour les chambres, ouverture possible d’au moins 30% de la surface
  • Mesure des consommations d’énergie
  • Nécessité pour chaque pièce principale de disposer d’un dispositif de réglage ou d’arrêt du chauffage

Profitons-en pour mentionner que, depuis la loi Grenelle 2, la réglementation thermique devient obligatoire ; le maitre d’ouvrage doit fournir une attestation en fin de travaux, établie par un contrôleur technique ou un organisme certificateur. Auparavant le non respect n’était pas sanctionné, maintenant un article de la loi (Titre 1, Chap 1, Art 2) renvoie au code de procédure pénale.

Les spécifications pour les labels Haute Performance Energétique 2012, le Bepos (Bâtiment à Energie Positive,) et pour les orientations de la RT2020, ne sont pas établies ; on anticipe la valeur de 15 kWh/m²/an pour le seul chauffage ; cela fera l’objet d’un article ultérieur.

Quelques remarques :

Le facteur de conversion Energie Electrique en Energie primaire reste de 2,58, ce qui est logique au sens purement intellectuel, au vu de la définition de l’Energie Primaire ; mais pourquoi n’applique-t-on toujours pas le même raisonnement pour les énergies de combustion ou les réseaux de chaleur, avec prise en compte de : extraction, raffinage, transport ? Cela condamne le chauffage par effet Joule ; l’électricité peut toute fois se rattraper via les pompes à chaleur, qui, grâce à leur COP* supérieur à 3, annulent l’effet du facteur 2,58.

L’obligation d’un moyen de chauffage par pièce : alors que l’enveloppe est renforcée et la ventilation obligatoire – double flux presque indispensable – il est aberrant de considérer qu’une pièce non chauffée restera thermiquement indépendante du reste du bâtiment.

Il reste irréaliste de calculer les déperditions avec une baisse de température la nuit à 16°C, car du fait de l’inertie, une telle baisse est peu probable. De même on continue de calculer pour une température intérieure de 19°C, que personne ne respecte.

Quelques regrets :

Pas de limite chiffrée pour les gaz à effet de serre, seulement un bonus sur CEP ou BBio si les moyens de chauffage utilisés sont économes en CO2. La combustion reste donc le moyen de chauffage privilégié. Les chauffagistes peuvent respirer.

Dans la valeur du CEP à atteindre, on ne tient pas compte de l’énergie « spécifique », telle l’électroménager, l’audiovisuel, l’informatique… alors que dans les bâtiments à très basse consommation, il a été identifié (voir le programme « Homes » et notre conférence s’y rapportant, ou le rapport « Remodece ») que cette énergie devenait prépondérante, et qu’elle est à l’origine du déraillement des premiers tests de bâtiments basse énergie. Le Standard Maison Passive inclut cette énergie dans l’un de ses trois critères, mais dans la RT2012 elle ne sera prise en compte que comme un élément composant le BBio.

* Le COP ou coefficient de performance d’une pompe à chaleur (ou d’un climatiseur) est le rapport entre la puissance thermique restituée et sa consommation électrique.

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