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L’hydrogène devrait pouvoir sauver la transition énergétique allemande - (Flash °66)

jeudi 17 octobre 2019, par Etienne Vekemans (ECLi 89)

extrait du F.A.Z. (Frankfuerter Allgemeine Zeitung) du samedi 5 octobre 2019
Traduit par E. Vekemans ECli89

La ministre fédérale de la recherche Anja Karliczek (CDU) exige plus d’engagement pour la technique de l’hydrogène. « L’hydrogène est le vecteur énergétique de l’avenir » dit-elle au F.A.Z. « Nous avons besoin d’un projet national pour l’hydrogène. Avec lui nous pouvons faire de la transition énergétique un succès et ainsi faire avancer la protection du climat ». La technologie offre à l’industrie allemande des « offres de marché gigantesque ». Elle doit devenir « une de nos nouvelles marques ». « La technologie de l’hydrogène sera demandée à l’avenir partout dans le monde ».

L’hydrogène est créé par électrolyse électrique de l’eau. Le vecteur énergétique est utilisable partout. L’industrie intensive en énergie a besoin de l’hydrogène comme source de chaleur dans la production. Le combustible « vert » artificiellement enrichi en CO2 peut être utilisé pour les camions, les bateaux et les avions. L’hydrogène alimente les piles à combustible, qui peuvent faire avancer les locomotives, les camions et les voitures ou encore fournir le courant dans les habitations. L’hydrogène peut également être introduite en grande quantité dans le réseau de gaz ou encore être enrichie en CO2 et transformée en méthane artificiel.

D’ici la fin de l’année, le gouvernement veut présenter sa stratégie hydrogène. Sont représentés le ministère de l’économie, des transports, de la recherche et du développement. Karliczek dit qu’il est indispensable de penser ensemble les politiques de l’innovation, de l’industrie, du climat et de l’énergie et de développer une « roadmap » avec la recherche et l’économie. « Tous doivent tirer à la même corde, surtout quand on sait que la Chine pense très « stratégie » »

Dans le « paquet » de protection du climat du gouvernement, l’hydrogène est clairement nommée. Karliczek la dit indispensable. Elle considère également comme erroné de tout miser sur la mobilité électrique. Elle met en question la stratégie de certains constructeurs automobiles de ne vouloir construire que des véhicules électriques. Elle ne cite pas VW. Elle dit en revanche « Les piles à combustible hydrogène ainsi que les combustibles synthétiques qui sont basés sur de l’hydrogène « vert » peuvent être une bonne alternative aux solutions à batterie électriques, notamment pour les longues distances ou dans le trafic dense ». Et elle rappelle que dans dix ans selon les chiffres du ministère des transports il n’y aura qu’un cinquième des autos qui seront électriques...

D’ici 2022, Karliczek offre 180 millions d’euros pour les projets sur l’hydrogène. Et se propose de les porter à 300 millions d’euros grâce aux fonds climatiques. Le ministre de l’économie Peter Altmaier apporte une somme « à 3 chiffres en millions d’euros » pour les tests en grandeur nature de 10 « laboratoires réels »

Deux choses ont freiné l’hydrogène jusqu’ici : elle est coûteuse à obtenir à partir des combustibles fossiles et les pertes énergétiques lors de sa transformation sont élevées. La raison pour la fascination pour l’H2, c’est la protection du climat. L’hydrogène peut sans émission de CO2 être produit par les énergies renouvelables. Elle peut être utilisée partout là où ce n’est pas possible pour l’électricité verte. Mais il existe encore une raison supplémentaire.

Les capacités installées en Allemagne en éolien et en photovoltaïque seront capables d’assurer la consommation électrique actuelle. Actuellement le pourcentage est de 40%, en 2030 il sera de 65%. Mais l’électricité représente moins de la moitié de l’énergie consommée totale (avec le gaz, le charbon et le pétrole). Si l’Allemagne se veut d’être « neutre en CO2 » à l’horizon 2050, le reste de l’énergie doit être importé, mais « sans CO2 ». Pour ça, il n’y a que l’hydrogène à base d’énergie renouvelable qui répond à la question. Karliczek l’appelle « le pétrole de demain ».

L’Allemagne du nord avec ses nombreuses fermes éoliennes à terre et en mer est bien placée pour bâtir sa propre production d’hydrogène, dit la ministre. Mais elle sait aussi, que « l’électricité surcapacitaire » (ce sont les quantités d’électricité qui n’arrivent pas à être vendues, à cause d’une faiblesse de la demande ou par manque de lignes à haute tension disponibles) ne sera pas suffisante pour assurer un fonctionnement fiable et durables des électrolyseurs. « Nous ne pouvons produire seuls toute l’énergie dont nous avons besoin » dit-elle et ajoute « L’Allemagne va rester un gros importateur d’énergie ».

Raison de plus pour réfléchir -très en amont- d’où viendra cette énergie. Dans l’industrie il se dit qu’au plus tard dans les années 20, l’Allemagne devra importer de l’hydrogène en grandes quantités. « A cause des quantités nécessaires, nous devons bâtir de nouvelles structures logistiques » dit la ministre. Alors que pour l’instant le marché mondial de l’hydrogène est inexistant, les recherches sont toujours en cours sur le transport longue distance de l’hydrogène : par bateau réfrigéré, ou transformé en ammoniaque ?

« Nous avons besoin de savoir d’où l’hydrogène pourrait venir » dit Karliczek. Peter Müller le ministre du développement a cité le Maroc comme pays de production. Karliczek elle-même veut utiliser la coopération existante avec les états africains du sud et de l’ouest, pour y faire avancer la technologie hydrogène. Le conseil mondial de l’énergie tient la Norvège, l’Arabie saoudite, le Chili et l’Australie pour des fournisseurs potentiels. Karliczek évoque l’Australie, riche en soleil et en vent et experte en exportation de matières premières comme un partenaire possible.

Elle cite encore une condition : l’hydrogène doit être produit sans rejeter de CO2. L’extension prévue du commerce des émissions pourrait aider l’installation de l’hydrogène vert économiquement rentable. Cela dit Karliczek considère comme justifié que, pendant la phase de transition, l’hydrogène continue comme avant à être produite à partir du gaz naturel.

A ceci près que le CO2 doit être séparé et enfoui de manière sûre dans le sol. Ce procédé « CCS » (Carbon Capture and Storage) est utilisé depuis des années en Norvège, mais est proscrit en Allemagne. Karliczek y voit un besoin de discussion : « la protection du climat nous oblige au moins à réfléchir. Je sais que les technologies ne doivent pas être introduites par-dessus la tête des citoyens. Mais peut-être qu’il faut qu’on reparle de CCS ».

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